La légende de Roymata ( Roi Mata ) et l'héritage maternel


Le Vanuatu est un peuple dont l'histoire est uniquement orale. Les traditions étaient bien gardée du côté des hommes comme du côté des femmes. Ces dernières, même si elle ne pouvaient devenir chef, conservait beaucoup de savoir. Les connaissances étaient partagée et les tribus voyaient d'un mauvais oeil une femme quitter la tribu pour aller dans la tribu d'en face, puisqu'elle partait avec ses connaissances. C'est le fameux chef-roi Roymata qui mit même en place une part de société matriarchale, où la prise en compte de la descendance du côté de la mère commença à cette époque. En effet on sait où le bébé sort, mais pas qui l'a mis dans le ventre de sa mère ! Utile pour garder les connaissances à l'intérieur du clan ou de la tribu.
Cochon, homme et femme

L'histoire ou plutôt la légende ci-dessous est d'une étonnante précision, et à été conservée depuis des centaines d'années par filiation maternelle sur l'île de Tongoa. On estime que l'île de Tongoa est habitée depuis -3000 avant Jésus-Christ ! Cette légende selon les habitants daterait même de 1265, ce qui est difficile à croire sans preuves écrite. Nous avons eu la chance qu'elle nous soit racontée à Port-Vila. Cette histoire est un exemple de la mythologie locale. On retrouve souvent des histoires mêlant hommes, femmes, porcs et roussettes. 

La bienfaisante puissance de Roymata
Au centre de l'archipel des Nouvelles Hébrides, il y a fort longtemps, existait un chef charismatique et puissant. Ce chef écouté et apprécié de tous réussit à unifier de nombreuses tribus, y compris des tribus canibales, et à imposer la paix. Cette paix restera même dans la légende et l'histoire des Nouvelles Hébrides comme la période des Halcyons. Apprécié de tous, ou presque : Roymata fût empoisoné et assassiné par son frère.

Une cérémonie mortuaire particulièrement macabre
Le clan de Roymata eu juste le temps de le ramener sur son île de Lelepa, où il déceda à la grotte Feles. La dépouille mortuaire convoya ensuite par Devil's Point et les cavernes sous marines de Tukutuku pour atteindre l'île de Retoka, ou île de Hat, pour y être inhumée. Un tel roi ne pouvait être enterré seul et de nombreux hommes et femmes fûrent sacrifiés pour l'accompagner dans sa dernière demeure. Notamment une partie du clan du chef, c'était d'usage à l'époque ; mais aussi et surtout les personnes atypiques et improductives : malades, viellards... La légende raconte que 46 personnes moururent ce jour là dont une femmes du chef. Les hommes étaient enterrés après absorption de kava et de soporifique. Les femmes n'eurent pas cette chance, dans le meilleur des cas elles fûrent étranglées. Les proches de Roymata fûrent enterrés avec leurs richesses : défenses de porcs, coquillages, colliers...

La légende et la raison
L'île de Hat fût tabou pendant plus de 700 ans, aucun autochtone ne s'y risquant ! C'est gràce à José Garanger, un archéologue français, que fût mis à jour le tombeau de Roymata en 1967. La tombe fût très facile à trouver : 2 plaques de pierre près d'un gros arbre dans une clairière à proximité d'une plage, au Nord-Est de l'île. L'équipe de José Garanger découvrit 47 squellettes, datés au carbone 14 entre 1250 et 1300 après Jésus-Christ, même datation que la tradition orale ! Les corps étaient tournés vers Devil's Point au Sud Ouest, hasard, hasard... Si les grottes de Tukutuku existent avec leurs tunnels de lave, elles ne débouchent pas sur l'île. Alors, entre légende et réalité...


Le domaine du chef Roi Mata a fait parti des 47 lieux candidats au 1er semestre 2008 pour le classement par l'Unesco au Patrimoine Mondial de l'Humanité. C'est chose faîte, Roi Mata y a été intégré début juillet 2008.